La paralysie faciale
La paralysie faciale est une atteinte très invalidante pour le patient sur le plan fonctionnel et social.
Au sein du service de chirurgie de la face et du cou de l’hôpital Édouard Herriot de Lyon, j’ai pu développé une équipe pour la prise en charge globale de toutes les formes de paralysie faciale. C’est une compétence rare, car notre force a été de faire venir à nous de nombreux patients, venus d’un territoire géographique vaste. En effet, en tant que patient, vous êtes parfois en errance ou en quête de solutions adaptées, par un manque d’information sur les progrès actuels de la médecine et de la chirurgie dans ce domaine.
avec le Dr Vertu-Ciolino à l’hôpital Edouard Herriot filmée pour l’émission Allo Docteur sur France 5.
La pathologie de paralysie faciale périphérique
La paralysie faciale périphérique se traduit par une atteinte des muscles d’une moitié du visage. L’œil refuse de se fermer et reste écarquillé, le sourire devient impossible, la bouche est tordue et les rides du front disparaissent du côté atteint. Chaque mimique déforme l’ensemble du visage car il n’y a plus d’équilibre entre les forces qui s’exercent normalement de chaque côté du visage. L’apparition est souvent brutale du jour au lendemain aboutissant immédiatement à une paralysie totale. Parfois, les signes s’installent progressivement sur plusieurs jours ou semaines. L’atteinte peut aussi rester partielle.
La déformation du visage est souvent plus importante chez les personnes âgées car les tissus sont moins élastiques et plus exposés à un glissement gravitationnel. La paupière inférieure paralysée peut s’éverser pour donner un ectropion avec des risques ophtalmologiques plus importants.
Les différentes formes cliniques de paralysie faciale
Cette pathologie revêt des tableaux cliniques très différents allant de la paralysie faciale complète et flasque à la paralysie faciale légère après récupération partielle. Elle est dans ce deuxième tableau souvent associée à un spasme hémifacial.
La paralysie faciale idiopathique ou « a frigore »
Le plus souvent, aucune cause n’est retrouvée après le bilan médical et on qualifie la paralysie faciale du terme « idiopathique ». Il s’agit probablement d’une atteinte liée à une pathologie virale non détectée par les examens. On retrouve parfois des signes évoquant une réactivation du virus de la varicelle et la paralysie faciale s’apparente à un zona sur le nerf facial ; elle est qualifiée de zostérienne.
Dans des cas très rares, la paralysie faciale est en rapport avec une maladie de Lyme ou secondaire à la syphilis ou à une infection par le VIH.
La paralysie faciale lésionnelle
Certaines paralysies faciales peuvent révéler une maladie des tissus qui entourent le nerf facial sur tout son trajet depuis sa sortie du tronc cérébral, puis sa traversée de l’os appelé rocher proche de l’oreille interne et moyenne et enfin la région latérale du visage dans la glande parotide.
La paralysie faciale peut-être secondaire à une tumeur située sur le nerf facial ou dans les tissus qui l’entourent ou à une fracture du rocher. Elle peut aussi survenir au décours d’une chirurgie visant à retirer une tumeur proche du nerf facial. La blessure du nerf facial peut entraîner une paralysie faciale complète et définitive ou laisser un potentiel de récupération souvent partielle.
Notre prise en charge à la phase initiale
Toutes ces raisons expliquent la nécessité de réaliser un bilan diagnostic à la phase initiale d’une paralysie faciale. Ce bilan comporte un examen clinique spécialisé, un test auditif, un bilan sanguin biologique spécifique et parfois un bilan radiologique par IRM. Les paralysies faciales idiopathiques ou virales ont un très bon pronostic avec une récupération complète dans la très grande majorité des cas. Le traitement médical doit être débuté le plus tôt possible associant souvent des corticoïdes et des antiviraux pris par la bouche à des soins oculaires absolument primordiaux.
Prise en charge des séquelles après récupération partielle
Rééducation spécialisée et injections de toxine botulique
Certaines paralysies faciales particulièrement sévères vont laisser à terme des séquelles qui pourront être minimisées par une rééducation spécialisée.
Les séquelles peuvent être :
- une faiblesse musculaire persistante dans certaines parties du visage,
- une contracture localisée appelée spasme hémifacial,
- des sursauts musculaires ainsi que des mouvements inappropriés du visage lors des mimiques appelés syncinésies.
Au niveau de l’œil, la contracture s’appelle blépharospasme et réduit la fente palpébrale de façon inopportune lors de certaines mimiques buccales. Je propose alors un traitement de ces contractures par injections de toxine botulique dans les muscles concernés pour les détendre et aider la rééducation spécialisée. La toxine botulique a une efficacité limitée dans le temps et la prise en charge nécessite souvent des injections répétées. Dans cette indication, la toxine botulique peut être prise en charge par la sécurité sociale selon des modalités particulières.
Prise en charge d’une paralysie faciale complète et définitive
Techniques chirurgicales
Voir ci-dessous la vidéo de l’émission Allo Docteur, magazine « In vivo » consacrée au service ORL de l’hôpital Herriot de Lyon.
Si la paralysie est complète et définitive, je propose des techniques chirurgicales de pointe. Je choisis les solutions envisagées au cas par cas.
Certains cas nécessitent une anastomose (= une jonction) nerveuse entre le nerf facial et un autre nerf sain pour ramener un influx électrique dans les muscles du visage. Le nerf sain utilisé est classiquement le nerf hypoglosse qui assure l’innervation motrice d’une moitié de la langue. Le nerf du muscle masséter peut également être utilisé selon une technique plus récente. On parle d’anastomose hypo-glosso-faciale ou massétéro-faciale.
Un geste chirurgical sur les paupières est souvent proposé pour améliorer la fermeture de l’œil et protéger la cornée. Désormais, on ne propose plus de geste de blépharorraphie qui consiste à coudre ensemble les paupières dans leur portion latérale. Une remise en tension de la paupière inférieure et la mise en place d’un petit poids sous la peau de la paupière supérieure sont proposées. La technique de mise en place d’une plaque de platine ou d’or sous la peau de la paupière améliore grandement le clignement par démultiplication de l’ébauche de mouvement restante. Mes résultats montrent une satisfaction et une amélioration de la qualité de vie très élevées.
Lorsque la réinnervation nerveuse ne peut pas être proposée, on utilise le transfert du muscle temporal situé au niveau de la tempe pour refaire fonctionner le sourire. Je maîtrise la technique de myoplastie du muscle temporal développée par le Dr Labbé à Caen.
Enfin, dans des cas complexes, une réinnervation nerveuse à partir du côté sain et un transfère musculaire libre peuvent être proposés.
Ainsi, la prise en charge de la paralysie faciale périphérique nécessite des connaissances parfaites au niveau de la physiopathologie et de l’anatomie et une analyse individualisée pour un traitement associant des soins médicaux, une rééducation fonctionnelle et une chirurgie appropriée.